La Ville État Limite n°2 - Chanson :
Valenciennes l'idylle - Christophe Vandeputte
14 février 2011
Critique de l'événement
Quand je pense à la carotte… j’extrais, j’extrais. Je mets à plat les traits. J’ai retrouvé Le Grand Dictionnaire historique ou Le Mélange curieux de l’histoire sacrée et profane. Les épousailles, les décès, les naissances… c’est géographique et généalogique, c’est ça notre histoire et celle de Valenciennes en particulier. Du fait mineur, de l’anecdote, du fait divers, des événements circonscrits à la ville… C’est une strate de la carotte. Et l’amour dans tout ça. Ah, la Saint Valentin, ça fait du bien. Pour l’occasion Christophe Vandeputte interprète une création intitulée Valenciennes l’idylle, chanson, populaire s’il en est, dans laquelle…il est question d’amours ancrées dans le territoire ; « On s’est aimés à Valenciennes / Tu m’as laissé à Valenciennes / frayer mon p’tit chemin de souterrain / effrayé par la ville ancienne… » La tension douçâtre de l’amoureux transi, du relaps au fond du territoire que produit le moment de l’interprétation de la chanson, est augmentée d’images de parthénogénèse. Il s’agit de souligner la qualité (pauvre) du lien (annihilé) actuel entre les individus (atomisés). La performance de Vandeputte le jour de la célébration ancestrale des amoureux et des couples dit aujourd’hui l’effondrement du projet vers l’autre. L’individu est tourné vers lui-même et la relation à l’autre est altérée, impossible.

Deux temporalités et plus sans doute se superposent pour indiquer l’état limite du substrat religieux (lat. religare, lien). Dégagez les saints. Et surtout le Valentin ! La voix et la musique de Christophe Vandeputte sculptent un espace sonore dans lequel tournoient des images issues de microscopes de laboratoires. La chanson y est absorbée. Les images permettent une atemporalité qui oscille du film en noir et blanc de l’apogée surréaliste au plus récentes avancées scientifiques. L’indicible comportement des individus serait lisible dans les mutations génétiques qui feraient des hommes et des femmes gynogénèsiques, androgénèsiques. L’infiniment petit révèle ce que le territoire n’a pas encore compris, répétant les mêmes romances à deux balles pour un mode opératoire invalide.

Antoine Jurga
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